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- Quoi ?
- Même quand tu es perdue dans ta tête, tu restes pudique, rit-il.
- On dirait. Et je ne suis pas perdue. Juste un peu perturbée, lui souris-je faiblement.
Il m'embrassa sur le front et me prit la main. Je me suis assise au bar et il posa un verre d'eau devant moi, avant d'occuper le siège à côté du mien. Il prit une de mes mains tremblantes et embrassa mes doigts.
- Ça faisait longtemps que tu n'avais pas fais de cauchemar…
- Et ça ne m'avait pas manqué, soupirai-je. Il est quelle heure ?
- Presque cinq heure. Je paris que tu ne veux pas retourner dormir ?
- Ça ne sert à rien, je me lève dans une heure et demi.
Je me levai pour me resservir à boire mais Flo me retint par la taille.
- C'est toujours une heure et demi de sommeil de gagnée, rit-il.
- Pas pour moi. Vas-y toi.
Je l'embrassai sur la joue et le pris dans mes bras.
- Je peux trouver de quoi nous occuper pendant une heure et demi tu sais, me chuchota-t-il à l'oreille.
- Je n'en doute pas.
Il posa ses lèvres à la base de mon cou et ses mains glissèrent le long de mon dos.
- On va se recoucher ? Je t'assure que tu ne t'endormiras pas, me dit-il un large sourire aux lèvres.
- D'accord, lui souris-je.
Mon réveil sonna une heure et demi plus tard et j'avais toujours les yeux ouverts. Flo commençait peu à peu à sombrer dans le monde du rêve et je me décalai pour le laisser. Je l'embrassai sur la joue et me levai.
- C'est bon, tu vas pouvoir dormir, lui dis-je. Merci de m'avoir garder réveillée.
- C'était avec plaisir Bébé.
Il me fit un petit sourire et referma ses yeux.
- À tout à l'heure. Je t'aime.
- Mmh.
En sortant de l'appartement, une enveloppe identique à celle que j'avais déjà trouvé la semaine dernière tomba au sol. Elle contenait le même morceau de papier que la dernière fois. Ça me faisait peur mais je n'en avais pas parlé à Flo pour ne pas l'affoler. Il s'inquiéterait trop et il y aurait de quoi… Je ne savais pas comment j'allais faire, mais j'allais m'en charger toute seule. J'essayai de me persuader de plus en plus que tout irait bien.
- On te revoit enfin ! s'exclama Julien, un de mes collègue quand je suis arrivé au travail.
- Excuse moi, j'étais occupé à souffrir, ris-je.
- On t'a vu chez Peter ce week-end, et tu n'avais pas l'air de souffrir. Tu étais même plutôt en forme contre la petite blonde, si je me souviens bien !
- Oh ça va ferme la !
- T'es plus avec ta meuf ?
- Si.
- Pourquoi tu dansais avec plein d'autres alors ? s'amusa-t'il.
- Lâche-moi, tu veux, soufflai-je. Bon, on se met au travail ? Vous avez fait quoi cette semaine ?
Il m'expliqua rapidement qu'on avait un nouveau chantier et on se mit en route. Comme j'avais encore un peu mal, j'ai évité les objets les plus lourds, ce qui m'a valut d'être charrié toute la journée.
- Alors comme ça tu sais te battre mais tu ne peux pas porter un sac de ciment ?
- Ferme-là, c'est pas la même chose.
J'étais dans le camion avec Julien et j'allais passer ma journée dans la ville d'à-côté. J'envoyai un message à Jess pour la prévenir que je ne pourrai pas manger avec elle ce midi.
- C'est ta chérie ? demanda-t-il en montrant mon téléphone.
- Ouais.
- J'ai entendu dire que c'était pour elle que tu t'étais battu contre une quinzaine de gars.
- Arrête d'écouter les rumeurs Julien.
- Tu l'as pas défendue ?
- Je me suis fais défoncé plus qu'autre chose. Et ils n'étaient pas quinze. Je ne suis pas superman mec.
- Si tu veux, rit-il. Et elle, ça va ?
Je repensais à cette nuit, où elle s'était réveillée en criant et en pleurant. Dans les moments comme celui-là, non elle ne va pas bien du tout. Ces cauchemars la suivront jusqu'au bout. Et jusqu'au bout, je serrai là pour elle, pour la réveiller et la prendre dans mes bras afin de sécher ses larmes. Et peut être qu'avec le temps, elle ne versera plus une seule larme. Je l'espérais vraiment, parce que ça me faisait vraiment mal de la voir souffrir comme ça à chaque fois.
- Elle va bien ouais.
- Ça fait longtemps que tu es avec elle non ?
- Quatre mois.
- Un sacré record pour toi !
- Ça n'a rien d'un record, imbécile. Tu devrais essayé de te poser un jour, ça te changerait.
- C'est ce je fais ! Je suis fou amoureux de Cam depuis une semaine !
J'explosai de rire à l'entente du nom de Cam.
- Cam ? Sérieusement ?
- Ouais, dit-il, un sourire idiot au visage.
- Tu sors avec elle ?
- Depuis la semaine dernière.
- Tu devrais lui rappeler alors. Parce qu'elle a essayé de me chauffer vendredi soir et je l'ai vu à poil avec un mec dans une chambre. Et ce n'était pas toi, ris-je.
- Et merde ! Moi qui croyais avoir trouvé l'amour de ma vie…
Je voyais sur son visage qu'il s'en foutait royalement.
- Sans déconner, t'as vingt-trois ans. T'en as pas marre de tout ça ?
- Elle t'as retourné le cerveau ta copine. Alors arrête de me parler parce que tu vas me retourner le mien, comme t'as fais avec Thibault, plaisanta-t-il.
- Ok très bien. Fais comme tu veux !
- C'est ce que je compte faire ! Aller, on descend.
Après cette charmante discussion, on est arrivé sur le chantier et on a rejoint les gars qui travaillaient déjà. C'était fou ce que ça faisait du bien de reprendre le travail ! J'en avais assez de passer mes journées sur le canapé.
À la fin de la journée, j'ai finalement regretté mon canapé. C'était l'horreur aujourd'hui ! Mes côtes me lançaient à chaque mouvements. Je suis rentré à la maison épuisé.
Jess faisait ses devoirs sur le canapé, une musique des Rolling Stones en fond sonore, et une bonne odeur qui provenait de la cuisine. C'était tellement parfait de rentrer chez moi tout en sachant que j'avais quelqu'un qui m'y attendait.
- Je voudrais retourner en convalescence… soupirai-je en me laissant tomber à côté d'elle.
- C'est toi qui te plaignais cette semaine, non ?
- Ouais… Je n'aurais pas dû.
- Vas à la douche c'est bientôt prêt, m'ordonna-t-elle en m'embrassant sur la joue.
- La flemme…
- Dégage, tu pus, rit-elle en me poussant.
- C'est méchant !
Je me suis levé pour aller dans la cuisine. Je pris une cuillère pour goûter la sauce. Elle me l'ôta de la bouche directement.
- Tu ne manges pas tant que tu n'es pas lavé.
- C'est une menace ? lui dis-je en souriant.
- Que je mettrai à exécution sans aucun scrupule !
- Ok je me rends !
Je l'embrassai rapidement et partis à la douche. J'avais bien fais d'y aller. L'eau brûlante sur ma peau me faisait un bien fou. J'enfilai un survêtement et sortis de la salle de bain. Elle avait déjà mit la table et était en train de remplir nos assiettes.
- Ça y est, je peux manger ? lui demandai-je en m'asseyant à ma place.
- Oui tu peux, me sourit-elle.