Chapter 55
1306mots
2022-10-21 04:23
55
- Bonjour excusez moi de vous déranger, est-ce Maxime est là ? me demanda-t-il poliment.
- Max ? Non il n'est là.

- Ah. D'accord. Je repasserai plus tard alors.
Il commença à repartir mais je l'interpelai.
- Et vous êtes ?
- Bébé ? C'est qui ? demanda Flo.
Je me tournai pour voir Flo arriver, vêtu d'un pantalon de survêtement et s'essuyant les cheveux avec une serviette. Son sourire disparu quand il vit l'homme de l'autre côté de la porte. Il s'approcha et me prit par la main pour m'attirer derrière lui.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Flo, comme si c'était une menace.

- Florian. Je pensais pouvoir te voir toi aussi.
- Je te repose la question une dernière fois : qu'est-ce que tu fais là ?
Il était vraiment énervé et je ne comprenais pas du tout ce qu'il se passait. Une minute. Maxime ? Florian ? Personne ne les appelait comme ça, sauf une. Flo me l'avait dit. Je regardai l'homme qui était dehors, je regardai Flo. Ils avaient les mêmes yeux et la même bouche.
- Flo, dis-je doucement. C'est ton…

- Non, c'est personne, me coupa-t-il violemment.
Il claqua la porte au visage de l'homme. C'était donc lui son père. C'était cet homme qui les avait frappé et abandonné à la mort de sa mère. C'était à cause de cet homme que Flo avait très mal vécu son enfance. Une vague de rage et de tristesse m'a envahi et Flo s'est précipité pour s'enfermer dans la chambre.
Morgan n'avait rien comprit à ce qu'il s'était passé et continuait de regarder un épisode de Pokémon. Je lui fis un bisou sur le front et lui demandai de rester sage et de ne pas bouger. J'entrai dans la chambre et Flo était assit sur le lit, les coudes enfoncés dans ses cuisses et la tête dans ses mains. Je me suis agenouillée devant lui et j'ai pris ses mains dans les miennes pour voir son visage. Il avait peur. Oui, il était terrifié. Même après toutes ses années, il était toujours effrayé par la présence de son père. Je pouvais aussi lire de la colère dans ses yeux. Une immense colère. Ses mains tremblaient dans les miennes et il les serrait tellement fort que s'en était douloureux, mais je n'ai rien dis.
- Pourquoi il est revenu Jess ?
Sa voix était désespérée.
- Je ne sais pas.
- Pourquoi maintenant…
Je lui relevai la tête en posant mon doigt sur son menton.
- Le laisse pas tout gâcher. Oublie-le Flo.
- Je ne peux pas. Morgan et toi n'auriez pas été là, je l'aurais fais entrer pour le frapper de toute mes forces. Je veux aller le chercher Jess. Je veux…
- Viens là, l'interrompis-je.
Je le pris dans mes bras et il me serra très fort. Il tentait de contrôler sa respiration et ses tremblements, mais il n'y arrivait pas. Il était beaucoup trop en colère pour ça.
- Oncle Flo ? J'ai soif, déclara une petite voix derrière moi.
- J'arrive Morgan, lui répondis-je. Attends-moi au salon.
- D'accord.
Flo desserra son étreinte et me regarda.
- Je vais lui servir à boire.
Il se releva mais je le retins par la main.
- Attends.
- Quoi ?
- Ça va ?
- Oui c'est bon t'inquiète, me mentit-il. Tu as raison, il ne faut pas que je me prenne la tête pour lui. Je t'aime.
Il m'embrassa rapidement mais il se retourna avant de passer la porte.
- Ne dis rien à Max. Je ne veux pas détruire sa journée.
J'acquiesçai et Flo partit dans la cuisine servir un verre de jus de fruit à Morgan. Le reste de la journée se déroula calmement et on n'a pas reparlé de son père. Il se contentait de rester à mes côtés, silencieux, et perdu dans ses pensées.
Moi aussi je me demandais pourquoi son père était revenu après toutes ses années. Après avoir fait tant souffrir sa famille. Mais je ne pense pas qu'on aura des réponses un jour.
Gaby et Max sont rentrés vers vingt et une heure, aussi heureux que lorsqu'ils étaient partit. C'était donc qu'ils n'avaient pas croisé cette personne indésirable. Tant mieux. Flo, quant à lui, avait reprit sa joie et son sourire habituels au moment où son frère avait franchi la porte. Il jouait la comédie pour ne pas alerter son frère, et ça me faisait mal.
Quand ils sont rentrés, on s'est tous posé devant la télé, avec Pauline et Thibault qui étaient arrivés quelques heures plus tôt. Je me suis levée pour aller nous chercher à boire. En voulant fermer les volets de la cuisine, j'ai jeté un coup d'œil dehors et j'ai vu un homme qui se tenait près d'une voiture. Je le reconnu immédiatement. Il fallait que j'aille le voir, je voulais savoir.
J'ai dis à tout le monde que j'allais m'occuper de Morgan qui jouait dans sa chambre, mais je me suis éclipsée discrètement par la porte d'entrée après avoir enfilé mes chaussures. L'homme était toujours vers sa voiture, et je m'approchai de lui.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Tu es une amie de mon fils ? voulut-il savoir.
- Oui. Répondez à ma question maintenant.
Je croisai les bras sur ma poitrine. Je n'avais pas penser à prendre une veste avec moi et le mois de janvier n'était pas l'idéal pour se promener avec seulement un pull fin. Alors j'essayai de me réchauffer comme je le pouvais.
- Je voulais seulement les revoir.
- Pourquoi aujourd'hui ?
Je devrais seulement lui demander de partir, mais ma curiosité prenait le dessus.
- J'ai lu dans le journal que Maxime allait se marier. Je voulais seulement lui souhaiter mon bonheur.
J'ai ris sur le coup même s'il n'y avait rien de drôle.
- Son bonheur ? Après tout ce temps ?
- Tu ne sais même pas de quoi tu parles, lança-t-il avec dédain.
Il commençait à s'énerver.
- Je sais très bien de quoi je parle. Flo m'a parlé de vous, de ce que vous avez fait et de votre soudaine disparition il y a cinq ans. Il m'a tout dit. Pourquoi vous revenez pour souhaiter un bonheur à votre fils que vous avez ignoré pendant ces cinq dernières années ? Est-ce que vous connaissez seulement le nom de sa femme ?
- Qui te permet de me parler comme ça ? cracha-t-il. Espèce de petite insolente.
- Barrez-vous d'ici. Personne ne veut vous revoir.
Il s'approcha et m'attrapa le bras.
- Ce n'est pas une gamine comme toi qui va me dire quoi faire.
- Ce n'est pas en vous en prenant à la copine de votre fils que vous allez tout arranger ! m'exclamai-je en me dégageant brusquement de sa poigne.
Il me bouscula pour passer à côté de moi et se dirigea vers chez Max. Je me suis mise devant lui pour l'empêcher de passer.
- Retournez d'où vous venez et laissez-les tranquille, lui ordonnai-je calmement.
Il me poussa violemment par les épaules et je reculai de deux mètres. J'ai voulu le provoquer pour tenter de le faire partir, mais le regard du père de Flo par-dessus mon épaule m'en dissuada. Je me retournai pour voir Flo qui se tenait immobile devant la porte. Il s'est précipité vers son père en l'ignorant totalement, l'a attrapé par la gorge et l'a plaqué contre la voiture.
- Ne t'avise plus jamais de la toucher. Ou même de la regarder. Sinon, je te tuerai, c'est bien clair ? Je te tuerai ! hurla-t-il.
Je ne l'avais jamais vu aussi énervé depuis tout ce temps, et je décidai de ne pas m'interposer.
- Florian, écoute-moi, articula difficilement son père.
- Ferme-là ! Tu n'as plus d'ordres à me donner ! Maintenant, casse-toi !