Chapter 23
2200mots
2022-10-21 03:43
23
- Jess ! Attends ! criai-je en reprenant mes esprits avant qu'elle ne disparaisse dans la voiture de son frère.
Je me retrouvais maintenant à lui courir après. Cette fille m'avait complètement changé, c'était complètement dingue. J'étais complètement dingue.

Ils se retournèrent tout les deux, et Fabien se rapprocha encore plus d'elle, comme pour la protéger.
- Qu'est-ce que tu fais là ? me demanda Fabien.
- Je peux te parler quelques minutes s'il te plaît ? m'adressai-je à Jess.
- Je dois rentrer Flo, désolée.
Elle commençait déjà à repartir mais je l'ai retenue par la main.
- Deux minutes. Seulement deux minutes. C'est tout ce que je te demande.

- Lâche-la mec, s'interposa son frère.
Je ne l'écoutai pas et suppliai Jess du regard.
- Je reviens Fabien.
- Jessie, on doit rentrer.

- Pas longtemps.
Fabien me jeta un regard empli de haine et Jess s'écarta de son frère. Je l'emmenai un peu plus loin. Pas trop pour qu'il puisse encore nous voir, sinon il nous aurait suivi.
- Tu me manques, lui avouai-je immédiatement ce qui lui fit baisser les yeux.
- Mon frère n'acceptera jamais qu'on reste ensemble.
Elle essayait de me faire comprendre qu'elle voulait tout arrêter, j'en étais certain. Et ça m'énervait.
- Ce n'est pas à ton frère de décider. Ni à tes parents.
- Tu ne me connais pas. Eux, ils me connaissent. Ils connaissent ma vie et ne me laisseront jamais tomber malgré ce que j'ai fais. Ils ne me jugeront pas, et je ne peux pas être sûre que tu feras de même, m'expliqua-t-elle froidement.
Elle tournait autour du pot et j'attendais qu'elle lâche la bombe. Parce qu'elle allait le faire. Je le sentais. D'habitude, elle était toujours directe avec moi et la voir hésiter comme ça me faisait penser que ce n'était peut-être pas ce qu'elle désirait.
- Je te l'ai dis que je ne t'abandonnerai pas, non ? Je le pensais vraiment tu sais.
- Tu ne sais rien de moi.
- Alors dis moi. Raconte moi toute ta vie. Je veux tout savoir de toi. Je ne te jugerai pas, moi non plus. Je veux seulement t'aider, et te rendre heureuse.
J'ai voulu prendre sa main mais elle s'est reculée d'un pas pour que je ne la touche pas. Elle planta son regard dans le mien avant de déposer délicatement cette fameuse bombe dans mon cœur.
- Je ne peux pas. Laisse-moi s'il te plait. Définitivement. Mon frère m'attend. Au revoir Flo, et merci pour tout.
- Jess, s'il te plait… Je…
Je me suis retenu de finir ma phrase. Je ne pouvais pas lui dire. Je n'y arrivais pas. Alors je l'ai laissée partir. S'éloigner de moi. Fierté de merde !
Ce week-end, je ne voulais pas voir les gars, mais je ne voulais pas rester seul. Alors je suis allé chez Max, mon frère. Il habitait à trois heures de route de chez moi ce qui me laisserait assez de temps pour réfléchir un peu.
Il trouvait ça étrange que je débarque chez lui sur un coup de tête alors je lui ai parlé de Jessica. Je lui ai dis que ça ne faisait que deux semaines et qu'elle m'avait quitté. Sans même que je le lui dise, il a su ce que je ressentais pour elle. Il s'est retenu de faire le moindre commentaire à ce propos, et je l'en ai remercier. Ma tête de déprimé devait lui faire trop pitié pour se foutre de ma gueule. Il m'a cependant donner un conseil que je ne suivrai pas : la laisser tomber. Je lui ai promis de ne jamais lui tourner le dos même lorsqu'elle ne voudrait plus de moi. Comme maintenant. Mais ça me paraissait plus compliqué que je ne le pensais.
Je lui ai envoyé quelques messages dans le week-end, mais je n'ai jamais eu de réponse. Tout comme le reste de la semaine d'ailleurs. J'étais comme un amoureux transit, incapable de laisser partir celle qu'il aime et d'admettre une vérité toute simple : elle ne veut pas de moi. Elle me le faisait comprendre chaque jour, mais je refusais la vérité.
Samedi soir, Thibault, JB et Kevin, un autre de mes potes, se sont invités chez moi. Je n'étais pas d'humeur mais j'ai fais semblant de m'intéresser à ce qu'ils racontaient pour qu'ils ne me prennent pas la tête. J'en avais parlé à Thibault dans la semaine et il m'avait dit de lâcher l'affaire. Je m'étais énervé contre lui et on n'en avait plus reparler. JB m'a demandé des nouvelles de ma chérie et je lui ai simplement répondu qu'elle allait bien. Je refusais d'admettre à voix haute – et surtout devant eux – qu'on n'était plus ensemble. Ça ne ferait que rendre la chose plus réelle.
- Tu n'entends pas un bruit ? me demanda Kevin, me sortant de mes pensées.
- Non pourquoi ?
- Je crois que c'est à ta porte.
Il se leva et sursauta en ouvrant la porte.
- Oh putain ! Flo, il y a une morte devant ta porte ! s'exclama-t-il horrifié.
- Arrête de dire des conneries, grognai-je.
- C'est vrai Flo, dit Thibault qui s'était levé à son tour, suivi de JB.
Je me rendis à la porte en soupirant, et je vis une chevelure brune que je connaissais bien. Je me suis accroupi devant elle et tournai sa tête vers moi.
- Jess… dis-je dans un souffle.
Elle était assise dans l'angle du mur et ça devait être son pied qui tapait contre la porte. En la regardant, j'avais les larmes aux yeux. Sa lèvre inférieure était complètement fendue, le haut de sa joue était bleu et du sang, maintenant sec, avait coulé sur son visage. Que t'es-t-il arrivé ? Qu'est-ce qui t'as rendue dans cet état là ?
Je caressais le dessus de sa tête pour lui faire ouvrir les yeux.
- Jess, réveille toi…
Comme elle ne répondait pas, je la secouai doucement et elle ouvrit les yeux rapidement avant de les refermer en me voyant.
- Barre-toi Flo.
Au moins, elle m'avait reconnu. C'était le seul point positif. Sa voix n'était qu'un murmure mais j'étais suffisamment près pour l'avoir entendue. Je la pris dans mes bras et l'emmenai à la salle de bain sous les regards intrigués des gars. Je mouillai une serviette et lui essuyai doucement le visage.
- Laisse-moi tranquille, je n'ai pas besoin de toi… marmonna-t-elle.
Son haleine était chargée d'une forte odeur de vodka. Elle m'avait pourtant dit qu'elle ne buvait jamais.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
- Rien.
- Quelqu'un t'as frappé ?
Elle souffla d'exaspération avant de me répondre en gardant les yeux clos.
- Je me battue avec eux. Ils voulaient s'amuser avec moi. Donc c'est moi qui me suis défoulée sur eux !
Elle ponctua sa phrase d'un rire cynique et grave. C'était assez étrange d'entendre un tel rire sortir de sa bouche.
J'étais en train d'essuyer le sang qui était descendu dans son cou quand elle me poussa pour se redresser, sans toutefois réussir à se mettre debout.
- Laisse-moi je t'ai dis ! cria-t-elle. Tout ça c'est de ta faute ! C'est à cause de toi si je suis bourrée. C'est à cause de toi si je me suis battue avec ces crétins. Je voulais t'oublier. J'ai essayé mais comment veux-tu que j'y arrive si tu m'envoies un message toute les dix minutes ? Je te déteste.
Elle pleurait. Encore à cause de moi. Comme toujours. Mais je continuais de lui laver le visage, malgré ses protestations. Elle n'arrêtait pas de me répéter qu'elle me détestait et que j'avais tout gâché. A chaque fois, ça me faisait l'effet d'un couteau dans le cœur, mais j'encaissais. Je n'avais pas d'autre choix pour le moment, discuter avec elle semblait tout bonnement impossible.
Je l'a portai ensuite jusqu'à ma chambre, pendant qu'elle marmonnait des mots que je ne comprenais pas. Je croisai Thibault dans le couloir et il me dit qu'il avait mit les gars dehors. Il m'a proposé un coup de main que j'ai refusé en le remerciant. Comme il dormait chez moi cette nuit, il parti s'enfermer dans l'autre chambre.
Arrivé dans ma chambre, je posai Jess sur mon lit et lui enlevai son pantalon. Je n'étais pas un pervers, il était seulement tâché de sang. Je n'allais pas la laisser dormir comme ça tout de même, et je ne profitais aucunement de cette situation pour poser mes mains sur elle.
- Arrête ! Qu'est-ce que tu fais ? grogna-t-elle.
- Ton jean est plein de sang.
- Et alors ? Laisse-moi ! Je n'ai pas besoin de toi, je te l'ai dis.
Malgré ses paroles, elle me laissa terminer de lui retirer. J'ai ensuite voulu lui ôter son tee-shirt mais elle me repoussa violemment. Comme j'étais accroupi face à elle et en équilibre précaire, je tombai à terre.
- Ne touche pas à mon tee-shirt.
Son regard était noir et pourrait faire fuir n'importe qu'elle boxeur digne de ce nom. Alors, je ne bronchai pas et me levai pour prendre un de mes tee-shirt dans mon placard pour lui donner.
- Alors change toi. Je me retourne. Dis-moi quand tu as terminé.
Me battre avec Jessica quand elle était bourrée n'était pas de tout repos. Je l'entendis bouger quelques secondes, puis plus rien.
- C'est bon ?
Silence.
- Jess ?
Toujours rien.
Je me retournai, au risque de me prendre une gifle, mais elle s'était changée et s'était endormie. Ses jambes pendaient toujours dans le vide et ses cheveux recouvraient une partie de son visage tuméfié. Je la déplaçai pour l'installer sous la couverture et elle rouvrit les yeux pour les river aux miens.
- Je te déteste.
- Pourquoi ?
- Plein de raisons.
Je remontai la couverture jusqu'à son menton et lui demandai de m'expliquer ces raisons en lui caressant le front.
- Parce que tu n'es qu'un idiot. Parce que je n'arrive pas à t'oublier. Parce que je me déteste d'être tomber amoureuse de toi. Parce que tu ne m'aimeras jamais. Mais c'est trop tard maintenant, non ?
Sa question n'avait pas sa place à cet endroit de la conversation, mais j'en comprenais le sens.
- Ce n'est jamais trop tard. Jamais.
- C'est vrai ?
- Oui. Dors maintenant.
Je la regardais dormir pendant plusieurs minutes en essayant de trouver des réponses aux questions que je me posais. Pourquoi elle avait bu de l'alcool ? Pourquoi elle s'est battue ? Et avec plusieurs gars, d'après ce qu'elle m'en avait dit. Comment avait-elle fait pour s'en sortir avec seulement quelques bleus ? Quand je retrouverai ces gars, je les anéantirai. Ils avaient osé toucher à ma… à Jess. Je les retrouverai. Enfin, si elle se souvient assez de la tête qu'ils avaient, ce qui n'était pas gagné vu l'état dans lequel elle était.
Puis mes pensées passèrent à autre chose. Elle a aussi dit qu'elle m'aimait. Je devais mettre ça sur le compte de l'alcool, même si je dois avouer qu'entendre ces mots sortir de sa bouche m'avait fait du bien après ces deux semaines de silence. Elle m'a dit qu'elle était tomber amoureuse de moi. J'avais peut-être encore une toute petite chance de lui montrer que si, je pouvais l'aimer.
J'entendis le vibreur d'un téléphone qui interrompit mes réflexions, mais ce n'était pas le mien. Je regardai dans la poche de son pantalon et sortis son portable, trop tard. Elle avait sept appels manqués de son frère et cinq de sa mère. Sans compter les douze messages non lus. Elle avait dû sortir sans les avertir. Même si je savais d'avance qu'il n'apprécierait pas, je décidai d'appeler Fabien pour le rassurer. Il devait s'inquiéter pour sa sœur, et il avait raison. Et je préférais l'appeler lui plutôt que sa mère, parce que je l'avais déjà rencontré et je savais donc à quoi m'attendre. Enfin, je crois.
Il décrocha à la première sonnerie.
- Jessie, enfin ! Pourquoi tu ne décrochais pas ? J'étais super inquiet ! s'affola-t-il.
- Hum… Fabien ? C'est…
- C'est qui ? Où est Jessie ? me coupa-t-il.
- Hé calme-toi, c'est Flo. Le… L'ami de ta sœur.
Je n'arrivais toujours pas à me résoudre que je n'étais plus son copain.
- Ouais je me souviens de toi, lâcha-t-il avec dédain. Elle est où ? Pourquoi tu es avec elle ? Elle va bien ? Je te jure que si tu lui as f…
- Oh ! Tu as finis oui ? Elle va bien je crois. Elle dort.
- Comment ça tu crois ? Qu'est-ce que tu lui as fais ?
Il était insupportable de toujours remettre la faute sur moi mais je ne pouvais lui en vouloir d'être inquiet pour sa sœur.
- Rien. Je ne lui ai rien fais. Écoute, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Elle a débarqué chez moi il y a une heure à peu près. Elle s'est battue et elle est bourrée, mais maintenant elle dort.
- Elle s'est battue ? Avec qui ?
- Je n'en ai aucune idée. J'ai ouvert ma porte et elle dormait devant ma porte. Je l'ai seulement allongée dans mon lit.